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18 mois dans l’Université de l’Illinois pour Sevan
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Avant la fin de sa formation d’Ingénieur à l’ISAE-SUPAERO, Sevan a choisi de partir réaliser un Master of Science Aerospace Engineering au sein de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Revenu en décembre 2022, il nous parle notamment des nombreux cours qu’il a suivi là-bas et des enseignements qu’il en a tiré.
Quel était ton objectif premier lors de ton arrivée à l’Université de l’Illinois ?
“Lors de mon arrivée, mes motivations étaient de trouver un encadreur de thèse pour intégrer le Master of Science with thesis et de compléter le programme en trois semestres en tout, c’était un moyen d’être performant dans un cours enseigné par un professeur dont le groupe de recherche étudiait un sujet qui m’intéressait. Néanmoins, je ne suis pas parvenu à intégrer un groupe de recherche et ai dû considérer des options de secours pour poursuivre mon cursus et obtenir mon diplôme dans des délais raisonnables. A la fin du second semestre, j’ai décidé d’intégrer le Master of Science non thesis dont la durée est de deux semestres. Au début de mon troisième semestre, au cours d’un entretien avec un personnel du département d’ingénierie aérospatiale j’ai appris qu’il m’était possible de compléter le programme en un semestre en utilisant des crédits validés l’année passée. Ainsi, en choisissant des cours me permettant de valider 20 credit hours ce semestre, cumulés à 12 credit hours de l’an passé, j’ai obtenu mon Master of Science non thesis plus rapidement.”
Comment s’est passé ton expérience en tant qu’étudiant là-bas ?
“Mon séjour s’est très bien passé, je suis assez satisfait de ma performance académique en termes de notes. J’ai particulièrement apprécié la manière différente dont les cours sont organisés aux Etats-Unis. Le volume horaire de cours hebdomadaire est plus faible qu’en France (20 heures maximum) mais la charge de travail en dehors des cours est plus importante (souvent supérieure ou égale au volume horaire de cours), aussi, les cours sont choisis par l’étudiant et poursuivis durant tout le semestre avec (parfois) un (ou plusieurs) examens en cours de semestre et un examen en fin de semestre. Des devoirs sont distribués assez fréquemment pour aider à assimiler le cours du moment et sont souvent des collections de problèmes qui pourraient être donnés lors d’un examen. Certains cours comprennent également un devoir un peu plus conséquent vers la fin du semestre qui permet d’évaluer la compréhension globale des concepts étudiés en classe. Les cours ayant une durée importante, cela permet d’approfondir l’exploration du contenu du cours, et les nombreux devoirs encouragent l’apprentissage par la pratique. Cela permet également de se créer des outils pour résoudre des problèmes similaires à l’avenir (par exemple, des calculateurs de performance moteur).
Les enseignants sont très accessibles pour répondre à des questions/interrogations sur les cours, devoirs, examens et ont une relation beaucoup plus d’égal à égal avec les étudiants qu’en France.
Le cycle de conférences est plus strict dans cette Université, où les étudiants en Master doivent assister à au moins dix conférences par semestre, celles-ci étant tenues presque toutes les semaines. L’offre de cours est assez variée mais certains cours ont lieu en même temps et d’autres ne sont offerts qu’une fois tous les deux ans ce qui signifie que pour les participants à des programmes courts certains cours peuvent ne pas être disponibles durant la période d’études. Certains examens autorisent un accès complet aux cours, devoirs corrigés et autres ressources, il s’agit alors d’évaluer les capacités de l’étudiant à adapter le raisonnement vu en cours et en devoir à un problème différent.
Sur le plan culturel, outre l’approche académique différente, le présentéisme est beaucoup plus laxiste aux Etats-Unis. Ajoutons à cela les choix de cours individuels et il en devient assez rare de partager plus de deux ou trois cours avec plus d’une ou deux personnes.
L’existence de clubs permet aux étudiants de rencontrer d’autres étudiants partageant les mêmes passions en collaborant sur divers projets à condition d’y accorder le temps nécessaire, ce qui n’est pas toujours facile en considérant les cours, recherche et autres. J’ai découvert à travers diverses relations interpersonnelles avec d’autres étudiants du campus qu’il se définissent premièrement par leur prénom, programme et niveau d’étude et que les réponses apportées peuvent influer leur image d’un autre (certaines majors peuvent susciter plus d’admiration).”
Qu’est-ce que ce voyage t’a permis ?
“Sur le plan personnel, j’ai rencontré de nombreux étudiants américains et internationaux avec diverses expériences ainsi que des professeurs dont la compétence et l’excellence de l’enseignement n’est plus à démontrer. Mon aisance avec la langue anglaise s’est considérablement améliorée (bien que celle-ci était déjà suffisante pour pouvoir étudier aux Etats-Unis). Certains cours étaient basés sur des ouvrages scientifiques auxquels je pourrais faire appel à l’avenir en plus d’ouvrages français. J’ai enfin apprécié les méthodes de travail que l’on nous inculque en classes préparatoires et en école d’ingénieur où il est important de savoir travailler au fur et à mesure, se laisser du temps pour pouvoir revenir sur une tâche à tête reposée plus tard.”
Quels sont les cours que tu as suivi ?
“Les temps forts et moments marquants de mon séjour tournent principalement autour des cours, examens et projets de cours divers. Lors du premier semestre, j’ai suivi un cours sur les méthodes avancées de diagnostics optiques pour les tests en soufflerie, ce cours a compris de nombreuses séances de travaux pratiques en laboratoire durant lesquels j’ai pu effectuer des photographies Schlieren ou des visualisations d’écoulement utilisant la fluorescence (ainsi que voir en personne le turboréacteur Rolls-Royce/SNECMA Olympus en statique dans le laboratoire Talbot). Le cours d’ingénierie systèmes du premier semestre a culminé en un projet de définition de Concept Opérationnel et écriture d’exigences pour un système de systèmes de transport logistique vers un groupe aéronaval (Carrier Onboard Delivery).
Lors du deuxième semestre, le cours d’optimisation m’a mené à étudier des méthodes d’optimisation sous contraintes de trajectoires pour réduire la consommation d’avions en montée, ce qui m’a exposé à de nombreuses méthodes comme les algorithmes génétiques et la programmation non-linéaire. Le cours de combustion m’a amené à l’étude de la propulsion par hydrogène de véhicules terrestres via une analyse de la littérature scientifique. Le deuxième cours d’ingénierie système avait pour projet l’analyse d’un programme aérospatial d’un point de vue ingénierie système, j’ai étudié le précurseur des programmes Rafale/Typhoon et les nombreux exigences incompatibles, désaccords sur l’articulation du tissu industriel et le retour d’expérience dans un rapport écrit.
Enfin, le cours sur l’aviation durable que j’ai suivi au troisième semestre m’a permis d’évaluer différentes options pour réduire les émissions carbones des vols long-courrier, ceux-ci étant les plus difficiles en raison de leurs forts besoins énergétiques. Le projet de mécanique des fluides numériques a conduit à l’analyse d’un profil losange dans des régimes allant du subsonique compressible à l’hypersonique (voir photo). Le cours de propulsion était différent par le fait que le projet consistait en la rédaction de problèmes d’examen et de leurs solutions.”
Comment s’est conclu ton séjour ?
“Le dernier temps fort de mon séjour a été la cérémonie de remise du diplôme à l’américaine, qui avait la particularité de se dérouler avant la publication des notes du semestre ce qui signifie que j’ai participé à cette cérémonie sans avoir la certitude (mais confiant quand même) d’obtenir mon diplôme. Ce séjour m’a exposé à la méthode de travail américaine, d’en apprécier les bénéfices et d’en constater les limites.
Ce séjour m’a également permis d’ajouter à mon CV un diplôme d’une université prestigieuse qui pourrait m’ouvrir des portes si à l’avenir je décide de m’expatrier. La pratique constante de l’anglais et la lecture de nombreux articles de recherche m’a exposé au langage technique. J’ai beaucoup gagné en autonomie et en curiosité grâce à ce séjour et ai rencontré de nombreux contacts. Ce séjour m’a en particulier fait réaliser que j’affectionne beaucoup plus le travail en présentiel qu’à distance
Pour la suite de mon parcours, je compte chercher un contrat d’une durée d’au moins 6 mois (de courte ou longue durée) pour simultanément valider mon obligation entreprise et mon stage de fin d’études afin d’obtenir mon diplôme d’ingénieur ISAE-SUPAERO
En conclusion, je tire un bilan extrêmement positif de mon parcours diplômant à l’étranger, je conviens que certaines choses auraient pu mieux se passer mais je suis satisfait de la manière avec laquelle j’ai affronté l’échec, approché les difficultés, et profité des meilleurs moments. Mon objectif d’obtenir le diplôme en trois semestres est accompli, j’ai découvert la culture et l’expérience d’un grand campus universitaire américain et tire un bilan positif sur le plan personnel.”