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Iris Lab : un projet d’entrepreneuriat chargé à bloc 

Publié le

18 Mar 2024

Bastien Fabre a déposé un dossier de candidature et a obtenu une bourse Entrepreneuriat de la part de la Fondation en février 2023 pour le projet Heliosphère, devenu Iris Lab. Ce projet vise à développer et à commercialiser une solution de transmission de puissance sans fil pour l’alimentation continue de systèmes autonomes. 1 an après, où en est Iris Lab ?

 

Quelle était votre ambition avec projet ?

Le projet Iris Lab (ex-HELIOSPHERE) vise à développer et à commercialiser une solution de transmission de puissance sans fil pour l’alimentation continue de systèmes autonomes.

Aujourd’hui, le développement des systèmes autonomes (drones, robots de logistique, robots agricoles, à l’avenir les rovers lunaires) est considérablement freiné par les limites imposées par leurs batteries. Celles-ci représentent à la fois une charge encombrante limitant les performances du système et une perte d’opérabilité liée à la recharge. Ces deux contraintes sont parfaitement mises en valeur par l’exemple du drone. En effet, 30 % de la masse d’un drone est uniquement dédiée à la batterie, limitant l’espace laissé disponible pour les charges utiles, le tout pour seulement 30 min d’autonomie. De plus, l’innovation sur les technologies de batteries, motivée par le développement des smartphones puis des voitures électriques, a déjà atteint un plateau de développement en termes de rapport autonomie/poids. Il est donc nécessaire d’apporter une technologie de rupture pour remédier à ce problème. [Iris Lab] a pour ambition de libérer les futurs systèmes autonomes de l’encombrant stockage d’énergie, pour permettre à leurs opérateurs de dédier l’entièreté des capacités de leur système à la mission.

Pouvez-vous nous détailler le projet ?

Bastien Fabre

Iris Lab a pour vocation de permettre aux opérateurs de véhicules autonomes d’augmenter drastiquement leur endurance et leur mobilité grâce à une technologie innovante de transmission de puissance par un laser. Ces capacités nouvelles pour les systèmes autonomes ouvrent la porte à une multitude d’applications dans de nombreux secteurs tels que la logistique, le spatial et les drones. Nous avons pu confirmer ce besoin urgent d’alimentation continue de la part des industriels, au travers des différents échanges que nous avons eus avec des fabricants et des exploitants de systèmes autonomes.
La lumière comme source d’énergie est déjà exploitée à travers les panneaux photovoltaïques (PV), qui convertissent l’énergie lumineuse du soleil en énergie électrique. Il est possible d’utiliser ce même mécanisme de conversion avec une source lumineuse artificielle. L’innovation repose dans la capacité à accorder judicieusement la source lumineuse avec le récepteur photovoltaïque, de manière à atteindre de bien meilleurs rendements de conversion et donc pouvoir proposer des convertisseurs compacts et légers répondant parfaitement aux contraintes des systèmes autonomes.

La solution que nous proposons consiste en un émetteur laser au sol qui pointe sur un récepteur photovoltaïque embarqué sur le système autonome. L’objectif est d’alimenter ce système en continu par une source lumineuse adaptée aux fenêtres de transparence atmosphérique, en particulier pour les applications à grande distance. Nous nous concentrons dans ce dossier sur le cas d’application le plus accessible, les applications terrestres à faible/moyenne distance où l’objectif est un faible coût de la source et des capteurs. Dans le cadre spatial les problématiques seront autres, notamment la longue distance.

Comment s’est passé la mise en œuvre ?

Afin d’amorcer le développement de notre solution technique, nous avons décidé de réaliser un premier démonstrateur dans le cadre du PIE (Projets Ingénierie et Entreprise) sur une durée de 6 mois. Cela nous a permis de prouver la faisabilité de notre concept. Le prototype consiste en une version simplifiée du produit final avec pour objectif de transmettre une faible puissance à un drone en vol à distance limitée. Cette preuve de concept a pour mission de vérifier notre capacité à lever deux des trois verrous technologiques que comporte notre produit cible : la capacité de traquer une cible avec précision et la sûreté de l’environnement autour du laser. Le dernier verrou, la réalisation d’une cellule photovoltaïque à haut rendement permettant la conversion de puissance laser-électricité, sera traité dans notre second prototype en 2024.

Pour ce PIE, quatre étudiants (en plus des deux fondateurs Bastien et Nicolas) de dernière année de cursus ingénieur de l’ISAE-SUPAERO ont participé à l’élaboration du prototype : Eliott Renault, Maxime Renard, Alexandre Neyret et Audric Boiteau. Nous avons choisi d’organiser notre équipe selon une structure horizontale afin que chacun puisse s’impliquer pleinement dans la conception avec des choix techniques structurels possibles et de leur propre initiative.

Malgré l’ambition et le délai du PIE, nous avons réussi à imaginer, concevoir, assembler et tester nos deux sous-systèmes en démontrant la faisabilité de nos briques technologiques dont les performances seront amenées à progresser aux cours d’itérations futures.

Les résultats du PIE, les échanges que nous avons eus avec les acteurs de l’industrie que nous avons rencontrés et les succès en concours ont alimenté notre motivation et notre conviction que la transmission d’énergie sans fil est porteuse d’une véritable révolution pour le secteur de la distribution de l’énergie. Il est même difficile d’envisager toutes les applications potentielles que cette solution apportera à l’avenir. Nous continuons notre projet aujourd’hui et nous sommes en cours de contractualisation avec un laboratoire (Institut Photovoltaïque d’Île-de-France) afin de développer le coeur du concept : un système de réception photovoltaïque optimisé pour la conversion de puissance laser-électricité. Nous mettons également en place un partenariat avec la SATT de Paris-Saclay, qui prend en charge le financement des besoins R&D associés pour notre second démonstrateur. Nous nous apprêtons à créer notre entreprise et débuterons bientôt la préparation de notre première levée de fonds.

Que vous a apporté la bourse de la Fondation ?

e prototype a été déterminant pour la création de la startup. Celui-ci nous a permis de réaliser une étude de faisabilité pour la technologie de tracking que l’on souhaite développer, de démontrer notre capacité d’exécution et notre sérieux à nos différents partenaires.

Cet exercice a été un succès car depuis la fin de ce projet les choses s’accélèrent :

  • Création de la startup : Nous avons créé la start-up en octobre 2023 : Iris Lab SAS. Ce statut juridique nous permet maintenant de pouvoir contractualiser avec des partenaires, nous financer et commencer le développement de notre premier produit.
  • Obtention du partenariat IPVF-SATT de Paris Saclay : Nous avons présenté notre prototype et notre projet à l’IPVF (Institut Photovoltaïque d’Ile de France) et après plusieurs échanges avec leurs chercheurs ceux-ci nous ont proposé de développer le capteur de réception de la transmission de puissance. Cette recherche est financée par un ticket de 100k€ de la SATT de Paris Saclay. À l’issue, Iris Lab aura une licence d’exploitation exclusive sur le brevet développé par l’IPVF nous donnant un avantage concurrentiel considérable pour le bon développement de notre produit.
  • Premiers financements et recrutements : nous allons recruter un CTO d’ici février. Nous avons démarré des démarches pour un prêt d’honneurs de 100k€ et nous discutons actuellement avec des incubateurs. Nous avons aussi été approchés par un premier investisseur qui est prêt à mettre un ticket de 60K€ pour nous permettre de nous lancer. Notre objectif est de lever une Seed de 2M€ d’ici octobre 2024 afin de recruter une dizaine de personnes.

Nous souhaitons remercier la Fondation qui a contribué à une grande partie du financement de ce prototype. Grâce au financement de la Fondation, nous avons pu monter un projet de PIE ambitieux qui a mobilisé un groupe d’étudiants pendant 6 mois et leur a permis d’appliquer leurs compétences techniques. Sans cette aide qui a précédé toutes les autres, le développement aurait été plus long et nous n’aurions pas fini dans les temps. Ce prototype et l’image de marque apporté par le soutien de la Fondation nous aide au quotidien et fait rayonner le nom de l’institut auprès de nos partenaires actuels.

Je veux soutenir des projets comme celui de Bastien