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Conférence PEGASUS 2023 pour Enrico

Publié le

30 Avr 2024

Enrico Tormena a participé à la conférence PEGASUS 2023 qui s’est tenue à Rome les 14 et 15 avril 2023, afin de présenter son travail de recherche effectué durant son stage à l’ESA : un papier sur l’initiative Clean Space avec pour objectif la durabilité des activités spatiales.

Quel était l’objectif de ta participation à cette conférence ?

L’objectif de ma participation c’était de présenter le travail de recherche que j’ai réalisé pendant mon stage à l’Agence Spastiale Européenne. J’ai notamment travaillé dans l’initiative Clean Space, où la durabilité des activités spatiales est l’objectif clé. Mes contributions ont eu lieu sur la partie de méthode d’Analyse du Cycle de Vie (ACV ou Life Cycle Assessment en anglais), qui est une approche scientifique pour évaluer les impacts environnementaux d’un produit, d’un service ou d’un système sur l’ensemble de son cycle de vie, de la production à la fin de vie. L’ACV est également utilisée pour évaluer les impacts environnementaux des activités spatiales, y compris le lancement de fusées, la fabrication de satellites, les opérations de satellites et la fin de vie des satellites. Par exemple, le lancement de fusées à des impacts environnementaux importants, notamment en raison des émissions de gaz à effet de serre et des gaz polluants qui sont libérés dans l’atmosphère. Les impacts environnementaux de la fabrication et de l’opération de satellites dépendent de la technologie utilisée et des matériaux impliqués, ainsi que de la durée de vie et de la destination des satellites. Dans ce cadre-là j’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets intéressants comme les fusées d’Ariane Group ou les satellites conçus par l’ESA.

En quoi consistaient tes travaux ?

Enrico Tormena

J’ai pu présenter une méthodologie innovante pour faire une estimation rapide de l’impact atmosphérique des aérosols émis par les lanceurs en stratosphère, qui représentent l’un des impacts majeurs en réchauffement globale dans l’ACV des fusées.

Cette méthodologie couple la connaissance théorique disponible dans la littérature spatiale et environnementale, prenant notamment pour référence le rapport produit par le IPCC (« Intergovernamental Panel on Climate Change »). De plus, il a fallu éviter de tomber dans le phénomène du greenwashing qui se développe dans l’industrie spatiale, une pratique qui consiste à exagérer ou à tromper sur l’impact environnemental positif d’un produit, d’un service ou d’une entreprise, dans le but de se présenter comme plus écologique qu’elle ne l’est réellement. Les “ergols vert” ou “durable” sans fournir de preuves solides en sont des exemples. Pour éviter le greenwashing et fournir le contexte pour des résultats plus fiables, j’ai présenté une possible méthodologie pour faciliter les processus d’éco-conception en utilisant un indice appellé « LCA single score ». Un LCA single score, ou “score unique d’analyse de cycle de vie” en français, est une méthode pour agréger les résultats d’une analyse du cycle de vie (ACV) en un seul chiffre. Le but du score unique est de fournir une mesure simplifiée de l’impact environnemental global d’un produit ou d’un système, qui peut être utilisée pour comparer différents produits ou systèmes. Cependant, le score unique peut masquer des informations importantes sur les impacts environnementaux spécifiques de chaque étape du cycle de vie d’un produit ou d’un système.

Comment s’est passée ta présentation ?

La partie de la conférence dédiée aux étudiants s’est déroulée entièrement le samedi. Ma présentation a eu lieu le samedi matin dans le bâtiment particulier de l’université La Sapienza, proche du Colosseo. Environ 20 personnes y ont assistée, parmi lesquelles des professeurs, des chercheurs et des étudiants. Le sujet présenté est très innovant et rarement abordé dans les universités d’ingénierie. Par conséquent, la plupart des questions qui m’ont été posées étaient plus de curiosité que des questions techniques. Cependant, je suis convaincu que la présentation a suscité beaucoup d’intérêt, étant donné les questions reçues même après mon intervention. La question la plus difficile qui m’a été posée est : “Quel est selon vous l’impact du secteur spatial par rapport aux autres secteurs les plus polluants ?”. Évidemment, la réponse n’est pas simple. Tout dépend du type d’impact environnemental considéré. En général, il est plus courant de parler du changement climatique. J’ai donc mentionné le travail réalisé par des jeunes chercheurs européens que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de mon stage. Leur étude démontre que même dans le pire des scénarios d’évolution de l’industrie spatiale, comme la mise en orbite d’un nombre important de méga-constellations de satellites, le secteur ne risque pas de polluer comme c’est le cas dans l’aviation commerciale.

Et le reste de la conférence ?

À la fin des présentations, les étudiants hôtes de l’université de Rome se sont portés volontaires pour nous montrer les locaux du bâtiment et les activités qu’ils mènent. Ils nous ont présenté le club des étudiants en ingénierie aérospatiale qui organise de nombreuses activités compétitives et non compétitives. Par exemple, ils nous ont montré la voiture de course qu’ils ont fabriquée ainsi qu’une moto. Cependant, le système le plus intéressant était une fusée développée pour participer à l’EUROC, une compétition étudiante de fusées expérimentales. En discutant avec les responsables du programme, j’ai découvert qu’ils développent un moteur à propulsion hybride pour les futures versions de la fusée. Ainsi, comme que je travaille actuellement sur le développement d’un micro-lanceur à propulsion hybride, nous avons échangé beaucoup d’informations utiles. De plus, la start-up pour laquelle je travaille est en forte croissance et aura bientôt besoin d’élargir son équipe d’ingénieurs. Nous avons donc échangé des contacts avec les étudiants locaux, au cas où ils seraient intéressés à poursuivre la recherche sur la propulsion hybride ou si réaliser un stage avec nous pouvait les intéresser.

La conférence a également proposé une série de présentations exceptionnelles sur les avancées les plus récentes dans l’industrie aérospatiale. L’un des présentateurs les plus intéressants était M. Francisco Javier Urrios Gómez, de l’université de Séville en Espagne. Il a présenté un sujet très actuel et intéressant : les voiles solaires. Il a montré sa recherche d’optimisation des voyages interplanétaires pour minimiser les temps de transfert. La technologie est très intéressante car elle utilise l’énergie de propulsion provenant du rayonnement solaire, tout comme un voilier avec le vent. Etant une poussée continue mais plus faible, contrairement aux propulseurs chimiques utilisés habituellement, les temps de transfert sont comparables à ceux d’aujourd’hui. L’avantage est que la propulsion ne nécessite pas de propulseurs, ce qui permet de réduire les coûts et de maximiser la charge utile. De plus, la technologie est considérée comme plus durable car elle ne nécessite ni le transport en orbite de propulseurs ni leur fabrication. En outre, il a parlé de l’optimisation de voile solaire pour les missions interplanétaires vers Mars, qui représentent le futur proche de l’exploration humaine. J’étais heureux de savoir que, comme moi, il y a d’autres ingénieurs qui focalisent leurs recherches sur la durabilité des activités spatiales.

En plus des présentations, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs professionnels de l’industrie aérospatiale ainsi que d’autres jeunes travailleurs comme moi, qui ont commencé à travailler pour de grandes entreprises et des consortiums importants tels que Thales Alenia Space, Airbus et Telespazio. J’ai été surpris de rencontrer d’autres professionnels qui occupent le poste d’ingénieur système, dans d’autres contextes. C’était intéressant de discuter avec eux des changements en cours dans l’ingénierie des systèmes, car cette discipline est considérée comme encore jeune et en développement. J’ai notamment pu discuter de l’intégration des logiciels de modélisation MBSE avec ceux de l’ingénierie concurrente, dans le but d’accélérer la phase de conception préliminaire et de simplifier les grands trade-offs système. Je pense que cela m’a aidé dans mon travail une fois de retour à l’entreprise la semaine suivante. J’ai également échangé des cartes de visite et discuté de mes expériences professionnelles avec de recruteurs de grandes entreprises aérospatiales. C’était vraiment une expérience précieuse et je suis sûr que cela aura un impact positif sur mon travail à l’avenir.

Que retiens-tu de cette expérience ?

Cela a été une excellente occasion de faire ressortir la validité de la formation à l’ISAE-SUPAERO. En effet, certains étudiants encore en licence étaient très intéressés par mon parcours académique qui m’a conduit d’étudiant à stagiaire à l’ESA et finalement à un poste d’ingénieur système. Cela n’aurait pas été possible sans les deux grandes disciplines inculquées par l’ISAE-SUPAERO : les problématiques environnementales d’un point de vue scientifique et l’étude de l’ingénierie des systèmes. En effet, je n’ai jamais entendu parler d’autres universités européennes qui traitent les deux disciplines à un niveau élevé.

La conférence était également l’occasion de passer quelques jours à Rome, avec l’obligation de s’arrêter pour apprécier les spécialités culinaires de la région et d’admirer les œuvres d’art, parfois même peu connues.

Dans l’ensemble, la conférence a été une expérience incroyablement enrichissante pour moi. J’ai eu l’opportunité de rencontrer des personnes intéressantes, d’en apprendre davantage sur les dernières tendances de l’industrie et de faire grandir mon réseau professionnel. J’espère pouvoir assister à des conférences similaires à l’avenir et continuer à élargir mes connaissances et mes contacts dans l’industrie aérospatiale.

Enfin, je tiens à remercier la Fondation ISAE-SUPAERO pour avoir financé ma participation à la conférence

Je vous remercie encore en exprimant le sincère souhait de contribuer à la Fondation à l’avenir pour financer des projets et des expériences comme celles que j’ai vécu. Mais surtout, avec la conviction que la passion pour l’environnement est partagée également par la Fondation.

Je veux soutenir des projets comme celui d’Enrico