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Un stage de 6 mois au sein de Dassault Aircraft Services Willmington Corp

Publié le

13 Sep 2022

Avec le soutien de la Fondation ISAE-SUPAERO, Gabriel a réalisé son stage de césure au sein de Dassault Aircraft Services Willmington Corp pendant 6 mois afin d’y réaliser du rétrofit. Grâce à cette expérience, il sait que c’est ce métier qui le passionne et qu’il réalisera son stage de fin d’étude dans ce domaine-là.

Pourquoi avoir choisi Dassautlt Aircraft Services ?

Depuis toujours je suis passionné par la maintenance aéronautique. A la suite de rencontres, visites et stages, j’ai su que je souhaitais faire un stage dans ce domaine-là en arrivant à l’ISAE-SUPAERO. En première année, j’ai appris qu’un ancien de l’école proposait des stages de façon récurrente chez Dassault Aircraft Services à Wilmington.

Ayant entendu de bons retours, j’ai décidé de faire une césure dans le but de faire ce stage et de découvrir les métiers, non pas liés à la conception d’aéronefs, mais ceux qui permettent de maintenir et d’améliorer les appareils déjà existants.

Quel état l’objet de ton stage ?

Le sujet du stage était d’aider l’équipe d’ingénieurs qui se charge d’améliorer les Falcon à la suite des demandes des clients, des autorités de certification ou tout simplement de leurs propres initiatives. Cela est communément appelé le rétrofit. Ce stage avait pour moi trois objectifs principaux : découvrir le monde de l’aviation d’affaire et le rétrofit, une autre culture que je ne connaissais qu’au travers de films et de reportages et améliorer mon anglais. 

La situation sanitaire a cependant compliqué les choses au début pour plusieurs raisons : la première est le fait que je n’ai eu connaissance que quelques jours avant le départ de la possibilité ou non de partir. La deuxième est le fait que l’entreprise n’est accueillie et aucun stagiaire depuis plus d’un an. Les premiers jours ont donc été un peu plus compliqués que prévu et l’aide de la Fondation m’a permis de soulager la charge financière des premières semaines. En effet encore en pleine période de covid, il m’aura fallu plus d’un mois pour avoir mon Social Security Number ce qui débloque l’obtention d’un permis de conduire ainsi que la gratification de stage. Il n’y avait pas de stagiaires me précédant pour m’aider à trouver un logement ou pour acheter une voiture contrairement à ce qui se faisait habituellement. Cependant, mes collègues m’ont été d’une aide précieuse et ont tout fait pour que ma nouvelle vie en Amérique commence bien : indication des meilleurs endroits pour habiter, aide pour l’achat de la voiture, explications des démarches administratives… 

Et culturellement, qu’as-tu pensé des Etats-Unis d’Amérique ?

Sur le plan culturel, j’ai découvert dès la sortie de l’avion que je ne connaissais presque rien de la culture américaine à part quelques stéréotypes, pas forcément toujours infondés d’ailleurs. Ma plus grande surprise a été la bienveillance et la façon dont les Américains sont accueillants. Je suis sorti de l’aéroport de Philadelphie sans connaître une seule personne dans le pays (excepté mon tuteur que j’avais eu par téléphone) et très vite j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont toujours aidé.

J’ai découvert que les glaçons étaient quasiment obligatoires, que les Américains aimaient avoir une pelouse impeccable, que le Pick up n’est pas un mythe, que les maisons étaient construites différemment et que même les toilettes avaient un mécanisme différent. Après avoir vécu un mois à Old New Castle (le nom des villes peut parfois être atypique), je me suis définitivement installé à Newark, DE car c’est ici que se trouve l’université du Delaware. Ainsi j’ai pu découvrir l’université et la vie étudiante grâce à mes colocataires, rencontrer des gens de mon âge et voir ce qu’aurait pu être ma vie si j’avais étudié de l’autre côté de l’atlantique. Être intégré dans la vie universitaire américaine a été un vrai plus pendant mon séjour. Un autre point fort de mon intégration a été la rencontre d’une famille américaine de Pennsylvanie qui m’a adopté et m’a permis de découvrir le quotidien d’une famille normale, m’a introduit à certains pans de cette culture auxquels je n’aurais pas pu avoir accès. Le père était coach de football, inutile de préciser -américain – et j’ai ainsi pu participer à mes premiers « tailgating », ce qui consiste à se rassembler tous ensemble, avant, pendant et après un match pour jouer, discuter, manger et boire. Chaque famille vient avec sa tente, son barbecue et ses glacières (Un Pick up se montre d’une efficacité redoutable pour transporter tout cela) à 10 AM pour un match à 1 PM et reste presque jusqu’à la tombée de la nuit, le tout dans une ambiance chaleureuse et de partage.

Les voyages et la découverte de l’est américain ont représenté une grande majorité de mon temps libre, et cela a été rendu possible grâce à la Fondation. Bien que petit, le Delaware et ses environs (Maryland, Pennsylvanie, New Jersey) regorgent d’endroits atypiques à visiter telles les plages, en particulier Rehoboth Beach, le parc naturel de White Clay, Longwood Garden, la Brandywine Valley, Old New Castle et son style colonial, Lancaster et ses amish, Atlantic city et ses casinos parmi tant d’autres. Bien entendu Philadelphie était la grande ville la plus proche et celle que j’ai le plus visitée, son histoire, son architecture, ses musées et ses parcs en font une ville très agréable. Je suis allé deux fois à Washington, le National Mall ainsi que la Maison Blanche et le Capitole sont des icônes à voir. La visite du Steven F. Udvar-Hazy Center en Virginie à côté de Washington est inévitable pour tout étudiant de l’ISAE-SUPAERO. Et je n’ai pas été déçu, c’est probablement le musée que j’ai préféré de mon séjour. New-York City est également une ville incontournable, et encore plus pour le nouvel an. Quatre jours m’ont permis d’en visiter les monuments incontournables ainsi que de retrouver des camarades de SUPAERO en Substitution au Canada. Je suis également allé aider un collègue à l’aéroport pendant certains weekends à installer des systèmes pour faire de la fumée sur des Epsilons de la SOCATA importés aux États-Unis. 

Quels sont les moments qui t’ont le plus marqué pendant ton séjour ?

Il m’est difficile de classer les temps forts de mon séjour, mais je dois reconnaître que certains événements resteront gravés à jamais dans ma mémoire : j’ai eu la chance de pouvoir participer au « world famous rubber chicken drop contest » à Easton, MD. Certains de mes collègues participaient en tant que pilote à ce rassemblement aérien, et un des pilotes a perdu son copilote pour ouvrir la verrière en vol et jeter le poulet en plastique sur la cible, et j’ai eu l’immense chance de pouvoir prendre la place de copilote dans un Nanchang CJ-6 et de participer à un meeting aérien non pas en tant que visiteur, mais de l’autre côté de la verrière.

Mes collègues m’ont également emmené au stand de tir pour tirer au pistolet et au semi-automatique, c’était à la fois effrayant et en même temps, nous avons tous passé un excellent moment.

D’un point de vue personnel, ce stage m’a beaucoup apporté et fait grandir. Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvé dans un environnement sans connaître personne et sans avoir l’aide de ma famille ou des amis, ou il faut tout recommencer de zéro : ouvrir un compte en banque, obtenir les papiers administratifs, acheter une voiture, gérer les diverses assurances, etc. Cela a été très formateur et m’a permis de devenir plus indépendant, ainsi que de savoir gérer des situations auxquelles je n’avais jamais été confronté. Deux semaines après avoir acheté ma voiture quelqu’un l’a emboutie et est parti en délit de fuite. J’ai donc appris à gérer ce genre d’incident avec la police et l’assurance, comment réparer ma voiture, aidé par mes collègues et repasser le processus d’homologation d’une voiture. Comme ce sont les États-Unis, c’est même paru au journal de la ville.

Ce stage m’a également permis d’améliorer grandement mon anglais, en effet je ne parlais français qu’avec mon tuteur (un ancien de l’ISAE-SUPAERO) quand on était que tous les deux, mais le reste du temps tout était en anglais, et en dehors du travail je n’ai vu aucun Français pendant 6 mois, excepté à New-York city. J’ai également appris qu’il n’y avait pas besoin d’avoir un anglais irréprochable pour échanger, et que le désir de communiquer permet d’apprendre bien plus vite qu’en cours.

Comment s’est déroulé ton stage ?

Découvrir la culture américaine était bien sur attrayant, mais c’est d’abord le sujet du stage qui m’a décidé à réaliser mon stage de césure aux États-Unis. C’était mon premier stage en tant qu’ingénieur, et ma première vraie introduction dans le monde du travail. Dassault Aircraft Services était une entreprise qui comptait environ 150 employés à mon arrivée, j’ai intégré une équipe de 7 ingénieurs en charge de développer des améliorations sur Falcon composée de 3 ingénieurs mécaniciens, 2 ingénieurs électriciens et 2 ingénieurs en charge des projets. Les locaux comprennent trois hangars pouvant accueillir dix-huit avions et un atelier de peinture pour 3 avions.

Mes taches consistaient principalement à faire des études préliminaires afin de réaliser des devis, ainsi que de rédiger des instructions techniques. Ce fut une agréable surprise de découvrir que les taches qui m’étaient confiées étaient instructives, intéressantes, gratifiantes et variées alors que dans de nombreux stages les taches affectées aux stagiaires ne sont pas toujours les plus passionnantes. Je remercie infiniment mon tuteur ainsi que mes collègues d’avoir pris le temps de me former afin de réaliser des tâches plus complexes mais plus intéressantes par la suite. Si je ne devais garder qu’une chose de ce séjour, c’est cela ; en effet réaliser des tâches gratifiantes et où l’on apprend tous les jours change la vie. Chaque jour était différent et j’ai probablement plus appris durant ces 6 mois de stage que pendant 6 mois de cours.

En ajoutant à cela des collègues extraordinaires et un environnement de travail incroyable, je prenais au final autant de plaisir à aller au travail qu’à visiter les grandes villes de la côte est américaine. Le plus gros projet qui m’a été attribué a été de réaliser l’instruction technique pour installer le nouvel Head Up Display FalconEye développé par Dassault Aviation en partenariat avec Elbit sur des avions plus anciens non prévus pour l’accueillir, tout particulièrement des Falcon 2000 livrés avant 2015. Cela consistait à étudier toutes les modifications de Dassault Aviation appliquées afin de rendre un avion compatible avec ce nouvel équipement et d’écrire les instructions afin de les réaliser. Le nez ainsi que tout le plafond du cockpit ont dû, par exemple, être modifiés en profondeur. C’est un travail qui se réalise en étroite collaboration avec les techniciens et Dassault Aviation. J’ai également eu la possibilité de pouvoir passer un peu de temps avec les collègues des bureaux voisins tels que l’aftermarket ou le bureau structure pour découvrir leurs métiers, cela m’a permis d’étendre ma vision pour sur le cycle de vie des avions. Ce stage a également été pour moi l’occasion de découvrir le fonctionnement d’une entreprise américaine, qui peut s’avérer un peu diffèrent de celles européennes. En effet la décision a été prise de fermer le centre de Dassault Aircraft Services à Wilmington. Cela a été instructif d’un point de vue extérieur mais également difficile de voir les collègues quitter leur lieu de travail après des années au sein de DAS Wilmington.  

LE témoignage de Gabriel Lucas

2A en année de césure

Ce stage, soutenu par la Fondation, m’a permis d’avoir une idée plus précise sur mon parcours professionnel.

J’ai en effet découvert que je souhaite faire du rétrofit, car c’est intéressant, varié, et que ce métier présente tout ce que je recherche. En plus de m’avoir permis de découvrir ce que je souhaitais faire pour les prochaines années, cela m’a également permis de découvrir des entreprises dont j’ignorais l’existence et de faire connaissance avec des acteurs du secteur. Ce stage m’a également permis de savoir où je souhaitais faire mon stage de fin d’étude, à savoir chez Tag Maintenance Services, qui vient d’être racheté par Dassault Aviation. Je souhaite faire du rétrofit de Falcon mon métier, et cela est complétement dû à mon stage soutenu par la Fondation. Mon stage aura aussi été l’occasion de renouer des liens entre Dassault Aircraft Services et SUPAERO après l’arrêt du roulement dû à la situation sanitaire. Ce stage a été une chance inouïe pour moi, j’espère que d’autre pourront en profiter aussi longtemps que possible, à Wilmington ou dans les autres centres. Si j’avais la possibilité de refaire ce stage, je n’hésiterais pas une seconde.

Dans ma vie j’ai eu deux opportunités incroyables : la possibilité d’intégrer SUPAERO et de réaliser ce stage, soutenu par la Fondation ISAE-SUPAERO, qui me lance de la meilleure façon possible dans le monde professionnel.

Je remercie infiniment la Fondation et tous les anciens de l’école aussi bien pour leur soutien financier que pour le temps accordé afin de nous aider à trouver notre voie.